2006-2007... Une véritable hécatombe.. Les meilleurs partent trop vite.. Philippe Noiret, Jean-Pierre Cassel, et maintenant c'est au tour de l'immense Jean-Claude Brialy..
Qui sera le prochain??
Merci pour tout monsieur.. Au revoir..
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2006-2007... Une véritable hécatombe.. Les meilleurs partent trop vite.. Philippe Noiret, Jean-Pierre Cassel, et maintenant c'est au tour de l'immense Jean-Claude Brialy..
Qui sera le prochain??
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31 mai 2007 dans Actualité, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1)
Voici un texte de l'extraodinaire Daria, toujours issu du meme livre The World According to Daria..
Ce texte a ete le premier publié il y a deja longtemps, mais je le republie aujourd'hui par souci de clarté editoriale.. En effet, à cette époque, la rubrique Daria Things Vault n'avait pas encore ete cree..
Voila.. Bonne lecture à tous. :-)
COUP DE POT
Par Daria Morgendorffer
Ces dernières années, le public américain, désabusé face aux hommes politiques comme de coutume, est devenu réceptif à de nouvelles façons de choisir ses dirigeants - telles que l'investiture du candidat qui a perdu les élections. Et c'est le même esprit entreprenant et innovateur qui pousse les électeurs à se réjouir d'une possible réforme du système de financement des campagnes. Grâce au projet de loi Mc-Cain-Feingold, les jours des pots de vin semblent comptés. Soyez à l'affût de Perrette et son " pot au lait ", des " carafes " et du dernier produit du trafic d'influence politique, " Je Ne Peux Pas Croire Que Ce N'est Pas De La Corruption ".
Qu'est-ce que les pots de vin ? Des contributions politiques qui, comme mon casier, ne sont pas sujettes à divulgation. Des fontaines d'argent liquide affluant de syndicats, sociétés, groupes de soutien sont canalisés non pas directement vers le candidat, mais vers des organisations de balivernes bidon impliquées dans des " activités d'élaboration de parti ", qui consistent généralement en la production d'annonces publicitaires dans lesquelles le candidat de l'opposition se fait traiter de gros débile.
Je sais ce que vous pensez. " Hé ! Daria Morgendorffer, tu aimes traiter les gens de gros débiles. Pourquoi ne te présentes-tu pas aux élections ? ". Ironiquement, je ne rentre pas en politique à cause de cette même raison : le financement d'une campagne. Je trouve l'idée d'essayer de lever des millions de dollars d'une mer agitée d'idiots bavants (les électeurs américains) peu appétissante, pour ne pas dire plus. D'un autre côté, le fait d'imposer ma vision du monde aux autres grâce à la législation, bien que moins attirant que le contrôle dictatorial absolu, a bien son charme. Donc, juste au cas où nos politiciens en fonction se cognaient la tête sur un cadre de porte trop bas et votaient contre leur propre intérêt personnel, j'ai décidé de " me déclarer candidate " en créant sous peu quelques nouvelles organisations politiques. Les Groupes d'Intérêt Très Spécial suivants seront opérationnels dès que j'aurai demandé une exonération d'impôts, loué une devanture de magasin pourrie et suspendu quelques drapeaux.
1. Le Parti National de la Contradiction : groupe d'" avocats du diable " qui cherchent à inciter le dialogue en étant systématiquement contre tout et en n'abandonnant jamais leurs positions, pas même sur les détails les plus petits et les plus inconséquents. Procure de divertissants braillards aux débats télévisés du dimanche matin.
2. Les Mains Autour De Ton Cou : ce groupe travaille dans le domaine de la politique antisociale. Avec une stratégie incluant le porte à porte à l'heure où personne n'est à la maison et un cocktail de retrouvailles tous les vingt ans.
3. Les Employés Non-Industrieux d'Amérique : une coalition travailliste qui milite pour d'importants changements dans les lieux de travail dont une pause déjeuner plus longue que le reste de la journée de travail et des distributeurs qui crachent les chips de maïs après seulement un coup de pied.
4. La Désorganisation Nationale contre le Manque de Changement : entièrement constitué d'anciens agents du service après-vente de Microsoft, ce groupe sponsorise les banques téléphoniques sans personnel, l'inscription des mineurs sur les listes électorales et les itinéraires incohérents dans les transports publics souterrains. Un projet de la Fondation pour la Futilité.
5. Le Conseil des Relations Ennuyeuses : diffuse des publications sur une foule de sujets à propos des " valeurs familiales " dont des analyses des politiques parentales, des stratégies pour les rivalités entre frères et sœurs, et des procédures pour placer dans un établissement les grands-parents qui prennent trop de temps pour faire leur prochain mouvement au Scrabble. Propose des séminaires sur la meilleure façon d'éviter cet oncle qui raconte toujours la même blague depuis 1956.
6. L'Institut du Refus : ce groupe encourage une incrédulité productive de l'opinion publique. Supporte un concours de composition annuel sur le sujet " Comment Créer un Monde Meilleur Si Une Telle Chose Etait Possible, Ce Qui N'Est Pas Le Cas ", et publie une lettre d'information mensuelle : " Vraiment ? ".
7. Le Parti Libéral De L'Argent De Poche : un effort bipartite (Quinn y contribue) pour convaincre la Trésorerie des Morgendorffer que la santé économique est directement liée au revenu disponible après impôt des adolescents. A venir et ceci chaque semaine, la campagne " Sortez le porte-monnaie ".
8. Le Partenariat Pour Une Amérique Exempte D'Idiots : combat l'anti-intellectualisme dans tous les aspects de la vie américaine. Encourage la pensée critique, le jugement renseigné et l'analyse minutieuse des faits. Très peu d'adhérents.
9. La Ligue Pour L'Inertie de Lawndale : une coalition de citoyens de tous milieux se dévouant à l'observation à long terme des objets au repos. Waou. Ils ont vraiment l'intention de rester au repos.
10. Victoire 2001 : ce groupe promeut les fêtes célébrant la victoire de n'importe lequel des candidats. Evite que les gens ne me tapent sur les nerfs le soir des élections.
Daria Morgendorffer.
11 mai 2007 dans Daria Things Vault | Lien permanent | Commentaires (0)
En faisant un peu de rangement, j'ai trouvé pa mal de choses ecrites il y a quelques années.. Années de lycée, d'etudes diverse ou curiosité personnelle.. Et j'ai retrouvé ceci, qui me paraît etre d'une actualité saisissante compte tenu de mon moral et de ma psychologie actuelles..
Je l'ai donc recopié, fait une petite mise en page avec Word, et je vous le propose..
Voila..
"L'Ironie" de Vladimir Jankélévitch.
Plan:
Introduction : courte biographie de l'auteur
I. Le mouvement de conscience ironique
1. L'ironie sur les choses
2. L'ironie sur soi : "économie"
3. L'ironie sur soi : l'art d'effleurer
II. La pseudologie ironique ; et de la feinte
1. Variétés du secret et de l'allégorie
2. Du renversement ironique
3. De la litote
4. Cynisme
5. Conformisme ironique
III. Des pièges de l'ironie
1. Confusion
2. Vertige et ennui
3. Probabilisme
4. L'ironie humoresque
5. Jeux de l'amour et de l'humour
Conclusion : synthèse
Citations et références: Vladimir Jankélévitch, L'ironie, 1964, Collection Champs, éditions
Flammarion.
Introduction: courte biographie de l'auteur.
Vladimir Jankélévitch est né à Bourges en 1903. Son père était le traducteur en français de Hegel et Freud, avec lequel il entretenait une correspondance. Rien de trop étonnant alors que Vladimir poursuive des études de philosophie après le lycée, intégrant l'Ecole Normale Supérieure en 1922. Il est reçu premier à l'agrégation de philosophie en 1927, année où il quitte Paris pour Prague, où il est professeur à l'institut français.
Il revient en France en 1933 et enseigne dans plusieurs lycées puis facultés.
En 1939, il est mobilisé, puis blessé en 1940. Mais il n'est pas français d'origine, ce qui lui vaut d'être révoqué par le gouvernement de Vichy. Il s'engage alors dans la Résistance tout en menant des activités philosophiques, enseignant dans des cafés. Cette période marque un tournant dans sa vie : il est écarté pour un temps de l'enseignement, et nourrit un fort ressentiment contre les nazis, allant jusqu'à répudier toute la culture allemande et oublier la langue allemande. Ceci lui vaut d'être peu à peu exclu du monde littéraire.
Il se marie en 1947 puis est titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne de 1951 à 1978. Il continue pendant ce temps à se consacrer à son autre passion : la musique, et garde toujours une attitude engagée, se plaçant du côté des étudiants en Mai 68 par exemple.
En 1985, la maladie l'emporte alors qu'il est âgé de 82 ans.
I. Le mouvement de conscience ironique.
Le grand représentant de l'ironie dans la philosophie est Socrate. Pressant ses concitoyens de questions, (ironie vient du grec eirônia, interrogation), il "représentait une espèce de remords vivant continuel pour la cité, marquant la fin de l'inconscience.", délivrant cette cité de ses "terreurs" ou la privant de ses "croyances".
En effet, le principe de l'ironie est de gêner pour mieux faire comprendre, d'engourdit pour mieux dégourdir, par l'intermédiaire de " l'aporie, qui est le trouble systématique engendré par l'ironie. " Ce mouvement de renversement représente une mobilité, et Socrate une alerte pour les choses trop immobiles...
Mais l'ironie peut mal tourner: elle "joue avec le danger", et Socrate en est mort.
Mais il existe différentes ironies: celle de Socrate, qui est une contestation de l'utilité et de la certitude d'une science de la nature, et celle des Romantiques, qui conteste l'existence même de la nature, qui humorise sur sa totalité et non sur ses aspects.
1. L'ironie sur les choses
L'ironie morcèle son objet : elle dissocie le tout et le quelque chose, elle sépare la chose en trois aspects: la distance, la durée et la coexistence. Elle la définit par sa position dans l'espace et le temps et par ce qui l'entoure, mais pas par elle-même, ni par sa totalité.
Le sérieux, qui ne remet rien en question, hormis d'être un des aspects de la vie, est la toile de fond sur laquelle l'ironie est mise en relief. Dans l'évolution d'une conscience, le sérieux précède toujours l'ironie: on voit son passé avec ironie. Mais le sérieux de la conscience la rend vulnérable à l'ironie des autres, lui donne des points d'ancrage. Mais pour exercer l'ironie sur soi-même, il faut être assez aguerri à cause de la duplicité du procédé, où le sujet est également l'objet..
2. L'ironie sur soi : " économie "
Les origines sont bien souvent peu glorieuses, ironiques, ce qui suffit à détruire toute volonté de sérieux. En effet, après un examen attentif, on peut voir que les raisons de la plupart de nos agissements peuvent se résumer à la physiologie, la biologie et la sociologie. Même le philosophe est à la merci d'une rage de dents: "Logique des sentiments, logique sociale, logique des nerfs et du foie, tout collabore à m'humilier". Au point que l'on
s'interroge sur la possibilité d'être sincère... Mais l'ironie est aussi lucidité : c'est savoir ce qui est et savoir que ça finira, comme avec l'amour par exemple : " Nous savons bien comment tout cela finira, et le jour même où le sentiment se déclare, nous prenons nos dispositions pour n'être pas surpris par son déclin ". Ainsi, en nous évitant cette "surprise", cette désillusion, l'ironie est une forme d'économie, voire même une forme de sagesse, qui nous garde de vivre nos passions trop violemment.
3. L'ironie sur soi : art d'effleurer
L'ironiste, en plus d'être un économiste, est aussi un diplomate ; il ne veut rien défavoriser, aucun point de vue, aucun instant: c'est la justice de coexistence et la justice de succession. Ne se consacrant à aucun point de vue ou aucun instant particulier, l'ironiste n'a pas d'obsession: chaque chose est essayée, et il n'a pas le temps de s'attarder sur une seule d'entre elles. Sans obsession, l'ironiste est plus fort, il montre le contraire de la
vulnérabilité, et puisqu'il ne se focalise pas sur un sentiment, il n'est pas hypersensible, il évite l'hyperesthésie. Par ailleurs, "l'ironie nous donne le moyen de n'être jamais désenchantés, pour la bonne raison qu'elle se refuse à l'enchantement", elle devance toujours le désespoir. Ces deux éléments montrent que l'ironiste, ne faisant rien en profondeur, de toute son âme, cultive "l'art d'effleurer". Il butine, n'a pas de passion fixe, essaie tout: on peut lui attribuer l'expression de Pascal: "Peu de tout et non pas tout d'une seule chose". Jamais spécialiste, l'ironiste est un amateur, mais un "amateur raffiné", dont la souplesse d'esprit le pousse toujours en avant, toujours au-delà vers de nouvelles choses. L'ironie prend ici des traits de liberté..
L'ironiste, morcelant l'identité des objets, s'en délivre, puis, grâce à l'art d'effleurer qu'est l'ironie, se
délivre de lui-même, de son orgueil, de ses passions.
II. La pseudologie ironique ; et de la feinte
1. Variétés du secret et de l'allégorie
On peut mettre l'ironie sur le même plan que le logos, pensée exprimée et exprimable, car l'ironie a toujours un objet, et "suppose un interlocuteur actuel ou virtuel dont elle se cache à moitié". Mais cette pensée exprimée et exprimable a un caractère propre: c'est une allégorie, c'est à dire que l'ironie pense une chose mais en dit une autre. Plus précisément, c'est une pseudogoria, la chose dite, plus que d'être autre à celle qui est pensée, est
fausse. En effet, l'Expression en son entier est allégorique, car on ne peut jamais exprimer exactement ce qui est dans nos pensées, le langage, les moyens d'Expression ne contenant pas assez de nuances. Mais cet acte d'expression reste cependant nécessaire, bien qu'impossible: c'est un impossible-nécessaire. C'est pourquoi nous apprenons à lire entre les lignes, et les allusions n'ont pas forcément besoin d'être longues pour être
compréhensibles. La poésie, ainsi que la philosophie, utilisent cette faculté à lire entre les lignes.
L'homme utilise ainsi le symbolisme, l'implicite, se cache derrière des mots qui ne signifient pas ce qu'ils disent, manie le secret. Si la révélation d'un secret paraît si scandaleuse, si sacrilège, c'est parce que par ce dévoilement, la confiance qui a lié les détenteurs du secret est trahie, et le profane a accès aux terres de l'initié.
Or, la vérité a un aspect progressif: on ne dévoile pas tout en même temps, comme le dit le dicton, "chaque chose en son temps". Le secret doit être confié et non pas révélé. Tout savoir d'un seul coup n'est pas bon. Ainsi l'ironie, par ses voies détournées, est bénéfique: "Pour ne pas mourir de sincérité, nous consentons à être obliques et retors."
Par ailleurs, l'apparence, art de n'être jamais réellement ce que l'on semble être, par cette équivoque, cette duplicité, inspire une méfiance qui est base de toute ironie.
2. Du renversement ironique.
L'ironie est un jeu, dans le sens où le jeu s'oppose à l'art dans ce qu'il défait ce qu'il a précédemment fait. La production de l'ironie, l'apagogie, c'est l'aporie, la gêne qu'elle entraîne. Mais cette gêne disparaît par la suite pour devenir bénéfique, c'est l'épagogie. Comparaison avec Pénélope et sa tapisserie: la femme d'Ulysse défait le soir ce qu'elle a tissé la journée. La différence avec le jeu, c'est que l'ironie laisse l'ironisé faire son
épagogie, ce n'est pas elle qui défait directement ce qu'elle a fait.
L'ironie retourne ce qu'elle veut dire, dit un autre pour dire le même, c'est une allégorie, comme on l'a vu, mais une allégorie tautologique. Mais cette manœuvre, qui peut paraître vaine : pourquoi prendre des chemins détournés pour arriver au même ?, cette manœuvre s'avère être en fait un progrès. En effet, "l'ironie, parce qu'elle démolit sans reconstruire explicitement, nous reporte toujours plus outre: elle reconduit l'esprit vers une
intériorité plus exigeante et plus essentielle." Faisant appel à l'intelligence de l'ironisé, l'ironie le pousse au-delà.
C'est bien cet aspect qui différencie l'ironie du mensonge: ce dernier, également renversement, feinte, pseudologie, dit faux tout comme l'ironie. Mais le mensonge est égoïste, il cherche à dissimuler le vrai par intérêt, il n'estime pas ce qu'il trompe, alors que l'ironie, désintéressée, dit faussement le faux car amène tout compte fait au vrai, amène l'ironisé à refaire le chemin des pensés de l'ironiste en sens inverse. C'est un voyage
bénéfique qui mène vers le haut, qui ouvre, contrairement au mensonge qui tire vers le bas.
Extrait: p.64
Le mensonge, exploitant notre tendance naturelle à croire, tendance qu'il dévie à des fins intéressées, est littéralement un "abus" de confiance et une escroquerie... L'ironie, au contraire, assouplit notre créance. L'ironie fait ensemble honneur et crédit à la sagacité divinatoire de son partenaire ; mieux encore! Elle le traite comme le véritable partenaire d'un véritable dialogue ; l'ironiste est de plain-pied avec ses pairs, il rend hommage en eux à la dignité, il leur fait honneur de les croire capables de comprendre.
Ainsi l'ironiste utilise-t-il l'intelligence pour contrer "la sottise, l'égoïsme et la méchanceté", pour contrer les pièges de l'apparence, et ceci par l'intermédiaire du renversement, "l'imprévu et le paradoxe". L'ironie dit l'autre pour dire le même, autre qui est tellement autre qu'il est contraire. L'ironie est un "universio" c'est-à-dire qu'elle s'amuse à tout mettre à l'envers.
3. De la litote
La litote dit le moins pour signifier le plus, elle amoindrit les choses. C'est une forme courante de l'ironie, souvent utilisée par Socrate, qui paraît louer ce qu'il blâme. N'est-ce pas ainsi une forme de clémence, de gentillesse? Cette litote socratique est une litote positive: ironie, elle invite les gens à la réflexion et à la connaissance; elle s'oppose aux amoindrissements destinés à tromper par intérêt: la fort qui se montre faible pour mieux vaincre le faible, le contribuable qui déclare des revenus moindres pour être moins imposé...
Contrairement à l'hypocrite qui se donne un air bon pour masquer sa méchanceté, l'ironiste se donne un air méchant mais est bon.
Comme le renversement, la litote pousse l'ironisé à la réflexion : mis en face de l'amoindrissement énoncé par l'ironiste, il refait le chemin de la pensée de ce dernier pour avoir accès à la totalité de ce qu'il a sous-entendu. L'allusion, la suggestion, voire même le silence de l'ironiste se déploient donc dans l'esprit de l'ironisé pour prendre toute leur dimension: trop de paroles ne sont pas nécessaires, sont parfois signe de faiblesse, et
l'ironie reste souvent laconique et discontinue.
Extrait: p.91-92
On dira que l'ironie n'est pas toujours aussi frugale ; qu'elle se complaît souvent dans les euphémismes et les circonlocutions ; qu'au lieu de prendre des raccourcis et des chemins de traverse elle fait volontiers l'école buissonnière. Ne l'avons-nous pas définie, ici même, comme la voie indirecte? Répondons que la voie indirecte n'est pas toujours la plus longue et que le détour est encore une forme de la litote. D'ailleurs vitesse n'est pas
concision. Si l'universio multiplie parfois les détails inutiles, c'est pour égarer ; elle renonce à épeler les idées mot pour mot et syllabe pour syllabe, car elle sait qu'à un morceau de phrase ne correspond pas littéralement un morceau de pensée ; le long des sinueuses périphrases, c'est encore l'intuition immédiate qu'elle recherche, la suggestion évasive et sans rapport direct avec le volume du discours.
L'ironie abrège et morcèle, dans sa lutte contre le trop sérieux, elle morcèle les idées reçues, les associations d'idées trop attendues, elle distingue les différents aspects, la pluralité du réel, pour gagner en légèreté, en souffle.
4. Cynisme
Quand il est trop fort, le mal s'autodétruit. L'ironie l'aide dans ce processus en faisant prendre conscience au mal de son mal. Elle prend ici une dimension éducative, éthique, morale, en faisant que "l'erreur se réfute toute seule et travaille, à notre place, à sa propre confusion." On retrouve le principe d'économie sur soi vu plus haut: en ironisant, on s'économise une bataille contre le mal, on le laisse s'anéantir lui-même.
Ce côté moral se retrouve dans le cynisme, ironie extrême, frénétique, forcenée, moralisme déçu, philosophie de la surenchère, du scandale. Le cynique met en valeur son propre scandale, revendique sa méchanceté. Son radicalisme montre en fait une volonté de faire éclater l'injustice, "dans l'espoir que l'injustice s'annulera par elle-même": il combat le mal par le mal, comme une homéopathie. Pour le cynique, tout est perdu, tout est mauvais, et il l'énonce haut et fort. Mais ce pessimisme apparent cache en fait une sorte d'optimisme, car si le cynisme maudit l'état des choses c'est qu'en fait il a de très grands idéaux.
5. Conformisme ironique
Mais le cynique est isolé, seul contre tout et tout le monde. Il s'oppose à l'ironiste conformiste, qui, lui, reste dans la multitude, incognito, fait le convenable, dit être convenable, mais l'ironie nous a appris à nous méfier de l'apparence!
Ainsi Socrate prend-il l'air d'un parfait citoyen, mais il ne faut pas trop le prendre au sérieux: il se fond en fait dans le décor pour mieux confondre son adversaire, fait comme s'il était conformiste pour mieux surprendre, être plus percutant. L'ironiste conformiste épie les conventions par l'intérieur et peut mieux les détruire, "sans quitter le masque de la légalité".
Ce conformiste apparent permet à l'ironie une discrétion qui renforce ses effets. Présente partout où on ne 'attendrait pas forcément, l'ironie combat le scandale et l'hypocrisie en révélant leur duplicité, leur équivoque grâce à son pouvoir de morcellement.
Mais déjouer les apparences, supprimer toute illusion, est-ce vraiment nécessaire ?
III. Des pièges de l'ironie.
1. Confusion
L'ironie est toujours double, tantôt elle raille et s'isole, tantôt elle pousse à la réflexion, plus solitaire ou plus sociable, tragi-comique, elle est à la fois une et autre, antithétique. L'ironiste joue avec le sens des mots, avec fantaisie et imagination, mais à force de confondre le sens figuré au sens propre, le dit au pensé, c'est l'ironiste lui-même qui doit prendre garde à ne pas tout confondre!!
2. Vertige et ennui
Autre piège qu'implique l'ironie : le vertige. A force de compliquer ses pensées et ses dires, à force de feindre, de renverser, l'ironiste peut s'étourdir lui-même. Il mêle le vrai et le faux mais risque de ne plus s'y retrouver, car on finit souvent par ressentir ce que l'on feint! Il faut faire attention à ce que le masque ne devienne pas une seconde nature.
L'ennui quant à lui est dû à la liberté qu'offre l'ironie: on l'a vu plus tôt, l'art d'effleurer ironique pousse continuellement à changer de point d'intérêt. Or une trop grande liberté, tout comme la possibilité "d'aller n'importe où et devenir n'importe quoi" lasse, c'est le spleen des romantiques. "L'ironiste s'étouffe dans sa triste opulence et dans sa vide plénitude, car être tout, c'est n'être plus rien. "Il peut aller partout mais ne
s'attarde ni ne s'attache jamais à rien."
Extrait : p.153
Tel est le premier danger de l'ironie. L'ironiste s'absente de lui-même et se prélasse sur la litière dorée des songes. Multiple et fantasque, il vit d'une existence distraite, hypothétique, volatile, dans laquelle toutes les formes lui glissent entre les doigts. La vie ironique est donc pure négation et relativité: elle flotte entre des réalités particulières sans se poser nulle part, et sa richesse elle-même n'est autre chose que ce refus d'adopter une image de préférence aux autres ; elle joue des tours à ses amis comme à ses ennemis et, à force de trahir tout le monde, elle reste seule, maigre et désabusée, parmi ses lubies.
3. Probabilisme
L'ironie en plus d'être néfaste pour l'ironiste, sujet, l'est aussi pour son objet. Le probabilisme de l'ironie vient du fait qu'elle est "désabusée": elle ne prend rien comme tel, comme vrai, comme valable. Elle morcèle les choses avec hostilité, s'en détache et par là s'en désintéresse, on considère la vie avec indifférence, on n'ose plus, on n'agit plus, on vit dans un monde qui n'a plus d'unité et qu'on a rendu insignifiant.
Extrait : p159
Doublement périlleuse pour le sujet, qu'elle expose soit au vertige du spleen, soit à toutes sortes de complicités clandestines avec le scandale, l'ironie représente aussi pour l'objet un double péril: l'un s'appelle probabilisme, l'autre atomisme. D'un côté, elle met en pièce les totalités sérieuses du sentiment et du discours ; d'autre part, elle volatilise tous les problèmes, au lieu de les résoudre ; elle décide, par exemple, que le mal, la
mort et la douleur n'existent pas ; elle est donc plus indifférente que vraiment courageuse.
4. L'ironie humoresque
Mais malgré ces pièges, l'ironie reste positive. En nous gardant lucides face au ridicule de la vie et aux détails équivoques qui rendent les totalités incohérentes, elle régule notre tendance à prendre des habitudes, et régule nos sentiments pour qu'ils ne nous submergent pas. La pudeur a ceci de commun avec l'ironie humoresque qu'elle pousse à la réflexion avant l'action, pour agir en finesse, sans précipitation. Pudeur et ironie sont économes. Elles nous préservent. De même, elles nous guident vers un plus grand respect, une humilité, un état de gratitude..
L'ironie qui garde un grand fond de sérieux est cette ironie humoresque, humour qui ouvre l'ironie aux autres car elle compatit naïvement avec son objet, et par là gagne en finesse par rapport à l'ironie purement dénonciatrice: elle utilise les apparences des apparences, se met encore plus en abîme, et son but n'est jamais de railler.
5. Jeux de l'amour et de l'humour.
L'ironie met les illusions à mort en remettant tout en question. Mais ceci n'est pas négatif : ce que l'ironie défait, le respect le rétablit. Les imperfections dévoilées par l'ironie sont tolérées par un plus grand respect.
Extrait : p.181
L'ironie, détruisant l'enveloppe extérieure des institutions, nous exerce à ne respecter que l'essentiel ; elle simplifie, dénude, et distille ; épreuve purifiante en vue d'un absolu jamais atteint, l'ironie fait semblant afin de ruiner les faux-semblants ; elle est une force exigeante et qui nous oblige à expérimenter tout à tour toutes les formes de l'irrespect, à proférer toutes les insolences, à parcourir le circuit complet des blasphèmes, à concentrer toujours d'avantage l'essentialité de l'essence et la spiritualité de l'esprit.L'ironie, en somme, sauve ce qui peut être sauvé.
Pour conclure, on peut dire que l'ironie défait les choses par idéal. C'est par envie d'un monde juste qu'elle
critique, c'est par amour qu'elle respecte et tolère ce qu'elle a dénoncé.
Conclusion : synthèse
L'ironie laisse l'âme respirer, la rend plus légère en la libérant du sérieux. Elle libère l'ironiste de son orgueil et lui économise les surprises et désillusions en jouant avec le réel. Elle renverse ce réel pour mieux le mettre en valeur tel qu'il est : ridicule, trop sérieux. Elle aide son destinataire et le considère comme son égal. Et malgré les pièges que les renversements étourdissants et le réalisme exacerbé comportent, l'ironie reste la preuve
d'une innocence idéaliste, d'un amour et d'un humour qui veulent croire que tout n'est pas perdu..
RL.
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09 mai 2007 dans Culture Generale, Livres, Réflexion | Lien permanent | Commentaires (3)
C'est donc chose faite, Nicolas Sarkozy est devenu le sixième president de la Ve répuplique..
Une large victoire, incontestable et démocratique.. Les français ont choisi, et ils ont choisi en conscience et avec raison..
Je ne cache pas ma satisfaction, et j'attends de ces cinq prochaines des profonds changements, qui profiteront à tous les citoyens, sans aucune exception..
Monsieur le President, je crois en votre programme et en votre idéal, sachez en etre digne et ne decevez pas les français.. Respectez vos promesses.
L'Histoire vous attend au tournant. :-)
RL.
07 mai 2007 dans Actualité, Politique | Lien permanent | Commentaires (4)
Les libéraux l'ont assez dit et répété, y compris moi même sur ce blog: aucun des programmes des candidats, majeurs ou mineurs, n'est libéral.. Chacun d'entre eux se propose d'accroître le poids des dépenses de l'état dans de nombreux domaines, et propose de nouvelles réglementations qui réduiront encore le champ des libertés économiques et sociétales des individus..
Et dans les domaines des libertés fondamentales de l'individu à agir selon sa volonté, Nicolas Sarkozy l'emporte très nettement sur sa concurrente du second tour.
Mais là n'est pas l'essentiel. Il est une constante qui se vérifie à chaque élection: les programmes ne sont là que pour faire voter ceux qui y croient.. Une fois élus, tant Mitterrand que Chirac s'en sont partiellement détournés, tant ils savaient leurs promesses irréalistes et impossibles à mettre en oeuvre. La question est donc de savoir qui, de Sarkozy ou de Royal, est plus susceptible de remiser au placard les recettes les plus interventionnistes et ringardes de sa feuille de route, et de promulguer un "minimum vital libéral" dont la France a désespérément besoin pour sortir de la spirale du déclin qui est la sienne, à défaut de redevenir une nation dont l'influence mondiale ne doive pas qu'à son seul pouvoir de nuisance.
Même si, en privé, certains éléphants du PS admettent que le parti doit intégrer la nécessité de laisser les entreprises et les individus produire des richesses avant d'envisager de les partager, force est de constater que ce point de vue est tres minoritaire rue de Solférino..
Michel Rocard est trop âgé pour défendre la modernisation du parti, des personnalités comme Jean Marie Bockel, Dominiqe Strauss-Khan ou Pascal Lamy, qui ont compris que le socialisme français devait, comme ses alter ego anglais, espagnol, suédois, s'accommoder de la liberté économique pour constituer une voie de gouvernement possible, sont ultra-marginalisées face à des Mélenchon, Emanuelli, Montebourg, Aubry, Lienemann, Attali et consorts..
Ces personnes, tout en ne crachant pas sur le train de vie que la politique à la française leur permet de mener, n'ont de cesse que de stigmatiser le "capitalisme", le "grand méchant marché" et la vile "recherche du profit" comme source de tous les maux de notre société..
Visiblement, c'est ce courant qui a prévalu lorsqu'il s'est agi de rédiger le programme incroyablement consternant de la candidate du PS.. La nécessité pour Ségolène Royal de draguer cette partie du PS et l'extrême gauche pour espérer battre Nicolas Sarkozy l'obligera encore à gauchir son discours, même si elle y inclura quelques ouvertures en totale incohérence avec le reste de son discours, notamment vers les petites entreprises, quand on la voit tenter de ratisser les electeurs de François Bayrou, absolument vital pour elle au vu des forces en présence..
Voilà qui ne laissera guère espérer un virage à la Blair après le 6 mai, d'autant plus que Blair, Zapatero ou Michelle Bachelet ont inscrit la réforme de leur socialisme dans la continuité de réformes difficiles et parfois très impopulaires menées par des prédécesseurs authentiquement libéraux.. Pas certain qu'un PS arrivant au pouvoir sans que ce "sale boulot" n'ait été auparavant entrepris puisse s'y atteler.
Rien ne garantit que Nicolas Sarkozy conservera de son programme les quelques gemmes semi-libérales qui y sont perdues au milieu d'un potage conservateur et interventionniste. Notamment, on peut être certains que sur les questions non économiques telles que l'immigration, les drogues, la prostitution, les évolutions du droit, la sécurité, Nicolas Sarkozy, dans la continuité de ses prestations au gouvernement, sera porté sur des solutions plus coercitives.. De ce point de vue, les libéraux doivent se préparer à se battre pour faire tomber les barrières qui empêchent la société civile de se dresser comme contrepoids aux dérives prévisibles d'un état plus policier et moins policé... En contrepartie, on peut espérer enfin une vraie fermeté judiciaire contre les minorités de gangsters des banlieues dont les exactions jettent l'opprobre sur une majorité d'immigrants honnêtes qui de ce fait voient aujourd'hui leur intégration économique dans la société rendue très difficile..
De même faut il s'attendre à ce que notre protection sociale ne soit réformée qu'en surface, Xavier Bertrand et François Fillon, principaux conseillers du candidat de l'UMP en la matière, n'ayant pas les épaules et la hauteur de vue nécessaires pour remettre en cause des bastilles comme le monopole de l'assurance maladie ou les retraites à prestations predefinies et par repartition, qu'ils ont défendues par le passé.
Voilà qui est assurément regrettable, mais il n'y a rien de mieux à attendre du PS français de ce point de vue.
Si Nicolas Sarkozy n'a rien d'un tribun, il est en revanche animé d'une vision de la société fort cohérente libéralement parlant et sait en faire partager une large part à son groupe parlementaire. De même, le conseiller économique de Nicolas Sarkozy est Christian Blanc, dont la profession de foi lorsqu'il dirigeait les réseaux de "l'ami public" semblait se résumer à la formule suivante: "promouvons des politiques économiques libérales sans jamais employer le mot libéralisme"..
La stratégie des libéraux doit à mon sens être maintenant de travailler de concert avec ces réseaux libéraux proches de Nicolas Sarkozy pour tenter d'en accroître l'influence.
Le visionnage du débat presidentiel hier soir à la télévision m'ont poussé à une conclusion inévitable: Ségolene Royal dénonçait tres souvent des problèmes et rarement y amenait des solutions concrètes (ex: le financement des retraites).. Elle s'est montrée pugnace et vive, voire agressive..
Nicolas Sarkozy etait en revanche tres serein.. Il etait plein d'initiative et s'est montré porteur d'une vraie vision pour une société de libertés, et ceci malgré la scandaleuse et honteuse campagne de diabolisation dont il a été victime ces dix derniers mois...
Tot ou tard, cette force sera en mesure d'infléchir bien plus que maintenant le cours d'une vie politique française trop marquée par l'attente de solutions venant de l'état. Mais cette démarche est nécessairement axée sur le long terme. Les problèmes que rencontrent nos compatriotes doivent commencer à trouver des solutions demain..
Et je suis de ceux qui preferent l'action et les initiatives plutot que le sectarisme et la stagnation qui aggravent la situation economico-socialo-culturelle de la France.. Notre pays doit cesser d'etre arrogant et pretentieux, et s'ouvrir au monde qui l'entoure.. Car le monde evolue sans cesse et nous sommes dans le risque de passer à coté, voire de perdre notre place de nation qui compte à la grande table des grands decideurs du monde..
Voila pourquoi, en partie, j'appelle tous mes compatriotes à voter Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain..
Et bien c'etait le post politique du moment.. Et croyez-moi chers lecteurs et detracteurs, j'ai du me forcer un peu, car je n'ai franchement pas envie de lutter en ce moment.. :-)
RL.
03 mai 2007 dans Politique | Lien permanent | Commentaires (5)
André Comte de Sponville :
"On m'a rapporté qu'un jour, Malraux interrogea un vieux prêtre , pour savoir ce qu'il retenait de toute une vie de confesseur, quelle leçon il tirait de cette longue familiarité avec le secret des âmes...Le vieux prêtre lui répondit : -Je vous dirai deux choses : la première, c'est que les gens sont beaucoup plus malheureux qu'on ne le croit ; la seconde, c'est qu'il n'y a pas de grandes personnes."
C'est beau non?? Le secret, c'est qu'il n'y a pas de secret. Nous sommes ces petits enfants égoïstes et malheureux, pleins de peur et de colère..
Enseignement Yogi..
Quatre comportements intérieurs définissent l’ignorance et les souffrances des hommes:
- Le sentiment d’individualité. Face au succès: "Je suis intelligent" ... face à l’échec: "Je n’y arriverai jamais."
- L’attachement au plaisir: la recherche du perpétuel contentement comme seul objectif.
- La complaisance dans la dépression: la hantise de souvenirs malheureux qui incite à se venger et à s’opposer à son entourage.
- La peur de la mort: le besoin maladif de se cramponner à son existence, preuve de son individualité.. Plutôt que d’accepter de vivre jusqu’à la mort en profitant de la vie ici-bas pour mieux développer son être.
Les gens qui sont dépressifs ou malheureux depuis l’enfance ont vécu des traumatismes, quels qu’ils soient qui les ont déformés trop tôt et ils se sont construit avec. Ils ont gardé leurs peurs d’enfants..
Quand on vit dans la dépression depuis toujours, depuis qu’on est enfant, on a du mal à imaginer le monde autrement que par son prisme déformant..
Il est étonnant comme les autres nous paraissent "petits", comme leur bonheur nous paraît écoeurant..
On pense souvent qu’on préfère rester des écorchés vifs à souffrir que rentrer dans cette masse de décérébrés qui nous paraissent si fades et sans intérêt.. En plus ces gens qui nous semblent dégouliner de mièvrerie et qui passe leur temps à nous dire que tout ira mieux et qu’après la pluie le beau temps... n’ont pas la moindre idée de la connerie que ça représente pour nous; Ca nous met en colère et nous conforte dans l’idée qu’on ne doit surtout pas abandonner notre souffrance qui est devenu notre identité propre et nous différencie de cette masse gluante..
Une caractéristique des dépressifs est d’être tournés sur eux-mêmes et de ne plus voir l’extérieur comme il est réellement.
Quand ils trouvent que le bonheur des autres est écoeurant, ils ont des œillères qui leur interdisent de voir que personne n’est parfaitement heureux, les gens font semblant, bien souvent, pour rentrer dans la norme, par politesse, pour que la vie soit possible en société, etc..
Mais qui peut dire qu’il est parfaitement heureux???
Nous avons tous nos démons, nos problèmes et nos névroses.. Nous les traitons de façon différente en fonction de notre caractère.
La peur d’être abandonné, est une peur d’enfant qu’ils ont gardé..
Alors ils adoptent un comportement qui fait qu’on les abandonne... pour se rassurer, en quelque sorte, parce que ce ne sont pas les autres qui ont décidé de partir mais eux, qui ont choisi qu’ils partent..
On préfère devenir renfermé et rester seul et se dire qu’au moins, on sait pourquoi on l’est... seul.
Parce que finalement, nous avons un énorme besoin d’amour et qu’on ne peut s’empêcher de le rechercher... jusqu’au moment où notre nature nous rattrape et nous fait fuir ou fait fuir l’autre.. Mais le paradoxe est que c’est cette solitude et toute la souffrance qu’elle implique qui nous rend si malheureux..
La culpabilité est une autre "peur" d’enfant.
Les enfants portent sur eux la faute des autres, les parents ou les proches qui n’ont pas su les rassurer ou les protéger.. Un enfant se sent toujours coupable des malheurs de ses parents ou des proches ou même des ancetres parfois.
Quand on porte le poids d’une culpabilité trop lourde pour nous et qui nous enferme dans la solitude, qui nous enchaîne, on croit qu’on ne vaut rien et que l’on ne peut que déranger ou faire du mal aux autres.. Et paradoxalement, on pense que les autres sont trop bêtes pour nous comprendre, on fait un complexe de supériorité en les méprisant... alors qu’au départ, ça part d’un complexe d’infériorité... Tellement plus réaliste..
Au final, on a le sentiment d’être nul, moche et sans valeur et qu’on ne mérite pas l’attention des autres, quoi qu’on fasse. Alors on préfère mépriser les autres pour moins ressentir le manque ou pour justifier cette réaction de rejet..
Il arrive un moment où ce malheur que nous portons fait tellement partie de nous que nous pensons qu’il "est nous". On finit par penser que sans lui, nous ne serions plus nous-même et que nous rentrerions dans la masse de ces gens heureux qui nous écoeurent tant..
On pense aussi que ces "démons" ou "bête", peu importe le nom qu’on leur donne, deviennent notre combat et que sans eux, nous ne serions plus rien et que nos vies deviendraient insipides..
Je crois que quand on a été dépressif, on le reste.. Un peu comme les alcooliques.
Mais de la même façon, je crois que si on doit se choisir un combat.. Il faut choisir celui de la vie.
Contrairement à ce que pense beaucoup de dépressifs, le combat qui mène à s’en sortir et aller vers la vie et découvrir sa vraie personnalité est plus dur que celui de rester dans la dépression.
Loin de moi, l’idée de faire une leçon en disant ça. Je ne le sais que parce que je l’ai vécu et que je le vis encore.
Les rechutes font encore plus mal, mais le combat quand on veut le mener est gratifiant.
Bien plus que celui de rester prostré.
Je sais aussi que les degrés de la dépression est différent en fonction des personnes et pour certains, c’est plus difficile que pour d’autres. Et encore une fois, je n'ai le droit de juger personne.. Ce n’est pas convenable..
Je ne connais, hélas, pas de recette miracle pour se guérir, mais je crois (et c’est connu) qu’il faut d’abord le vouloir.. On a parfois un déclic comme l’arrivée d’un enfant, ou le retour de l'amour..
Et quand on commence à comprendre que nous ne sommes pas celui ou celle que nous croyons, la vie change, en effet...
Mais nous ne perdons pas nos particularité et notre personnalité, bien au contraire. Parce que nous sortons enfin de la masse grise des gens et nous prenons nos vraies couleurs..
La dépression ne donne pas de talent aux artistes... C’est parfois les blessures qu’ils portent en eux, oui... Mais il n’est nullement nécessaire d’être dépressif pour avoir du talent. Au contraire, il vient s’ajouter aux blessures que l’on garde toujours en soi, une nouvelle vision des choses qui ne fait que développer le talent..
Se démarquer et sortir de la masse, c’est apprendre le bonheur, parce que quand on regarde bien les autres, je crois qu’il y a peu de gens qui soient doués pour le bonheur.
Je ne suis qu’au début de mon apprentissage mais j’avoue que je préfère le bonheur et la vie, car dans la logique fondamentale des choses, on ne se complet jamais vraiment dans la depression et la tristesse..
En revanche, je ne reprocherai pas à quelqu’un de déprimer. Je garde en moi la douleur qui me fait éprouver de la sympathie pour les dépressifs..
Et j’en profite pour dire tout le mépris que j'ai envers la "dictature du bonheur" que notre société voudrait nous rentrer dans le crâne et qui devient tellement à la mode. Parce que ça non plus, ce n’est pas la vie..
Pour moi, la souffrance et le bonheur font partie de la vie au même titre.
Mais... Cela reste une évidence.. Le bonheur dans sa dimesion généraliste demeure notre objectif, notre idéal supreme.. Si une recette existe, pourquoi les gardiens de ce temple persistent à jalousement garder le secret??
RL.
02 mai 2007 dans Réflexion | Lien permanent | Commentaires (5)
Peut-on s'aimer encore quand on ne s'aime plus?
Nous prenons parfois des chemins de vie qui nous éloignent de ceux que nous avions choisis pour nous accompagner et nous donner la main..
La rupture peut-être brutale, progressive, réciproque ou unilatérale; un jour, on se réveille, et l'on décide qu'à ce carrefour il va falloir se quitter.. Difficile décision, douloureuse, tant pour celui qui la prend, mais beaucoup plus pour celui qui la subit..
Est-ce à dire qu’il y a forcément un persécuteur et une victime??
Hormis les cas extrêmes, je crois pouvoir dire que le désamour, le détissage d’une relation n’est jamais le fait d’un seul.. Rien n’est vraiment tout blanc ou tout noir, et si je crois l’autre coupable de m’abandonner, où alors plaçai-je ma responsabilité?? Quelle image ai-je de moi-même et de ma capacité créative??
Et moi, qui ai des scrupules à partir (et qui ne suis d'ailleurs jamais parti), suis-je vraiment persécuteur?? M’accorderai-je tant de pouvoir?? Ai-je si peu confiance en l’autre pour me croire indispensable??
Puis le temps passe, et avec lui la colère, le dépit, le chagrin s’estompent, dans la plupart des cas.. Car, helas, il arrive que ls choses perdurent de longues années..
Les batailles de pension, de partage, de garde d’enfants, ne sont pas totalement résolues ou reviennent à la surface de façon récurrente, quand une dépense exceptionnelle survient, quand un emploi du temps force à une modification de ce qui était planifié..
Qui est l’autre alors pour moi?? devient-elle une étrangère, voire une ennemie??
N’est-elle pas celle que j’ai choisi (ou qui m'a choisi) un temps, avec laquelle j’ai vécu des moments inoubliables, comment arriver à passer le cap et à me dire que cette relation m'a probablement permis d’évoluer??
A mon sens, le lien est indéfectible, quoi qu’il arrive, dans les coeurs, dans les souvenirs.. Un jour, je peux me dire: il y a cette part de moi qui bataille pour qu’il y ait du foin dans le râtelier, pour ses enfants, pour sa vie; et puis, il y a cette autre part, qui regarde avec les yeux du soi, cette part qui remercie l’autre d’avoir été là pendant tout ce temps partagé, d’avoir été celui ou celle qui m’a permis d’avancer, d’avoir été, un peu plus que les autres rencontres, un maître pour moi.. Cette part là, c’est celle qui me permet de remercier l’autre, malgré toutes les batailles, passées et présentes.. C’est celle qui me permet de remuer les souvenirs les plus doux sans regret ni amertume, d’avoir même envie parfois de l’embrasser et de lui dire comme c’est bon de se retrouver.. Pourquoi le temps est si long à cicatriser les plaies et à arriver à cet état d'esprit??
Il ou elle restera toujours ce partenaire privilégié: ce n’est pas une histoire d’enfants ni de gros sous; c’est une histoire d’adultes. Ce n'est pas une histoire de grandeur d'âme ni de pardon; c'est juste une histoire d'amour qui continue, différemment.. Si mes souvenirs sont exacts, il me semble que c'est Descartes qui affirmait qu'un nouvel amour en chasse un ancien.. Quand ce nouvel amour va t'il se manifester?? r.
Les personnes que nous rencontrons, même un bref instant, ne sont pas sur notre chemin par hasard; à fortiori nos compagnons de vie.
Même si aucun enfant ne nous relie, la relation est de tout temps, elle m’a construit un temps, et je suis toujours dans le continuum de cette histoire.. Ma personnalité est telle qu’elle est aussi parce que j’ai fait cette rencontre, parce que j’ai vécu cette relation.. Le but etant principalement à tenter de rendre conscience de ces evidences de bon sens.. C'est la le vrai combat, la douloureuse démarche..
01 mai 2007 dans Réflexion | Lien permanent | Commentaires (0)